Il est des rencontres qui changent une vie. Celle que je veux vous partager aujourd’hui fait partie de ces trésors rares, de ces liens précieux qui donnent tout leur sens à l’aventure humaine et associative de Liens & Sourires.

J’avais environ 6 ans lorsque j’ai rencontré cette femme exceptionnelle, une fermière d’une grande sagesse, aujourd’hui âgée de près de 80 ans. Chaque été, avec mes parents, nous allions camper dans sa ferme. C’est là, entre ses chèvres et ses poules, que j’ai découvert les joies simples et profondes de la vie à la campagne.

Elle m’a appris à traire les chèvres, à conduire un troupeau avec sa mère en suivant le lit d’une rivière, à nourrir les animaux, à fermer le poulailler pour protéger ses bêtes des renards. Avec elle, j’ai façonné mes premiers fromages de chèvre et j’ai goûté à la fierté de les vendre sur le marché. C’était un monde de transmission, de travail, de rires et de douceur. Chaque départ était un arrachement.

Et puis, les années ont passé, mais le lien est resté. J’y suis retournée, encore et encore. Elle me racontait ses histoires, toujours passionnantes : la cueillette des olives, le moulin, l’huile vendue sur le marché. Elle récolte encore son propre miel, vêtue de sa combinaison d’apicultrice, même à 80 ans ! Son potager est un modèle d’abondance et d’intelligence paysanne. Chaque plante a son histoire, chaque rangée une méthode.

Mais cette femme a quelque chose de plus… Elle est aussi coupeuse de feu, une de ces personnes rares qui soulagent les brûlures, les douleurs, avec leurs mains et leur énergie. Sans rien demander, toujours dans la bienveillance, elle soigne avec discrétion et dévouement. Elle a apaisé ma propre fille après une piqûre d’abeille, puis un coup de soleil. Avec elle, on se sent entouré, protégé, comme dans un cocon invisible d’amour et de sagesse.

C’est une femme d’une immense générosité, d’une gentillesse à toute épreuve. Malgré les épreuves – la perte de son mari, un fils peu présent – elle rayonne. Un ami fidèle de 90 ans vient la voir chaque jour, et cela suffit à lui garder le sourire.

Aujourd’hui, ce sont mes enfants que j’y emmène. Ils y trouvent la même magie que moi. Ils parlent longuement avec elle, apprennent, s’émerveillent. Un lien intergénérationnel s’est tissé, fort, sincère, vivant.

Lorsqu’elle est tombée malade – un problème cardiaque, puis une grippe sévère avec bronchite – elle a été hospitalisée, isolée. Seule. C’est ce moment, ce sentiment d’abandon et d’impuissance, qui a fait naître Liens & Sourires. Parce que personne ne devrait vivre cela. Parce que les personnes âgées, si riches de savoirs, de tendresse et d’humanité, méritent notre présence, notre attention et notre amour.

Elle est l’âme discrète de mon engagement. Elle est l’une des plus belles raisons pour lesquelles j’ai créé cette association.

Je l’aime sincèrement. Et mes enfants l’aiment tout autant.

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